Conformément à ses missions statutaires de financement de programmes de recherche dans une approche pluridisciplinaire sur les questions d’exclusion sociale et de précarité, la Fondation Hospitalière pour la Recherche sur la Précarité et l’Exclusion sociale émet un nouvel appel à projets de recherche sur la thématique « précarité et santé mentale », alors que la grande cause nationale consacrée à la santé mentale en 2025 est elle-même prolongée en 2026.

La Fondation souhaite par cet appel à projets contribuer à faire émerger de nouvelles solutions pour améliorer la prise en charge des problématiques de santé mentale pour les personnes précaires les plus vulnérables.

Ceci fait suite à l’appel à projets 2024/2025 qui a confirmé, par le nombre de candidatures reçues comme par les sujets abordés par les projets sélectionnés, que les problématiques de santé mentale et de précarité sont liées, et qu’il y a urgence à identifier les processus et les actions mises en œuvre afin d’améliorer la qualité de vie des personnes, renforcer les dispositifs d’accueil et d’accompagnement, faire évoluer les approches.

La Fondation souhaite pour cet AAP 2025/2026 approfondir les travaux sur ces sujets, en ciblant des sous-thématiques qui répondent à des besoins identifiés dans les champs de la recherche, de l’intervention sociale et des politiques publiques.

Ces sous-thématiques, au nombre de trois - cf. ci-après, ont été identifiées en prenant compte à la fois les sujets déjà traités par les projets soutenus à l’issue de l’AAP 2024/2025 et les enjeux émergents issus de travaux scientifiques et institutionnels récents.

Sous-thématique 1 : Enfance et adolescence en situation de précarité, repérage et prévention des troubles psychiques

Les expositions précoces à la précarité, à l’insécurité ou à des environnements traumatiques, ont des effets cumulatifs sur le développement psychique de l’enfant et de l’adolescent, et ces publics doivent constituer une population prioritaire pour la prévention. Des alertes en ce sens ont été formulées par, entre autres, le Défenseur des droits (2021), l’OMS et l’UNICEF (2023), ou dans les données issues de l’enquête ENFAMS de Santé Publique France (2021). Le dernier baromètre Unicef France-Fédération des acteurs de la solidarité a également insisté sur la situation critique des enfants à la rue.

La vie précaire dès le plus jeune âge engendre une accumulation d’adversités et un déficit de résilience. Développer des outils de détection, de prévention et d’intervention adaptés dès l’enfance ou l’adolescence, dans le cadre de dispositifs innovants, est ainsi une priorité de santé publique.

Les projets de recherche pourront ainsi avoir pour objectifs :

·        Aller au-delà de la documentation des impacts psychiques de la précarité sur les enfants et adolescents, pour se concentrer sur l’identification des dispositifs, existants ou à créer, de repérage précoce et d’accompagnement psychosocial les plus efficaces.

·        Croiser les approches médicales, sociales, éducatives et communautaires.

Sous-thématique 2 : Précarité et familles monoparentales, effets psychiques et accompagnements

Les parents célibataires en situation de précarité constituent un groupe à double vulnérabilité : d’une part, exposés à des ressources limitées, des conditions de logement souvent défavorables, un emploi précaire ; d’autre part, porteurs d’une charge parentale sans relais de second adulte, ce qui conjointement augmente le risque de détresse psychologique, d’accès aux soins altéré, et d’effets en cascade sur les enfants.

Ces sujets restent encore insuffisamment documentés, même si déjà abordés dans certaines études : Etude DREES 2021 ; UNAF 2021 « La santé des parent solos » ; Parlement européen 2020 « The situation of single parents in the EU » ; Break Poverty Foundation 2024…

Les projets de recherche pourront ainsi avoir pour objectifs :

·        Etudier les mécanismes délétères (précarité économique, isolement social, charge de soins, logement, emploi) générant des troubles psychiques chez les parents célibataires, et surtout comment les enrayer ;

·        Evaluer des dispositifs d’accompagnement adaptés, ainsi que les meilleurs leviers d’intervention, dont l’insertion socio-économique et l’accès à l’emploi. 

Sous-thématique 3 : Impact de la surexposition aux aléas climatiques sur la santé mentale des personnes précaires et interventions

Les personnes précaires sont les plus exposées aux conséquences du changement climatique (canicules, inondations, pollution atmosphérique) tout en disposant des capacités d’adaptation les plus faibles (mal-logement, isolement, mobilité réduite, faible accès à l’information). Ces expositions multiples ont des effets psychiques immédiats (anxiété, stress aigu) et à long terme (« solastalgie », sentiment d’abandon, dégradation de l’estime de soi). Cette situation a été soulignée par l’OMS (2023), le rapport de l’APA et EcoAmerica (2021), Frontiers 2021...

La précarité énergétique et résidentielle établit un lien concret entre la vulnérabilité sociale et l’effet psychologique des aléas climatiques. Les conséquences sur les publics déjà fragilisés de la répétition des crises climatiques, induisant une dégradation environnementale chronique, restent peu documentées et mériteraient des études spécifiques, afin de co-construire des stratégies d’intervention contextualisées.

Les projets de recherche pourront ainsi avoir pour objectifs :

·        Identifier les groupes les plus vulnérables (personnes âgées, personnes sans hébergement stable ou en logements inadaptés, femmes enceintes, enfants…), en France - Métropole et Outre-mer. En particulier, l’impact des aléas climatiques sur le quotidien déjà difficile des familles monoparentales pourra être spécifiquement étudié, en écho à la sous-thématique 2.

·        Evaluer des stratégies d’adaptation psychosociale, en lien avec les collectivités, les services sociaux et les acteurs du soin, les actions/dispositifs associés, pour intervenir sur ces phénomènes.

Les projets peuvent concerner la région Ile-de-France ou d’autres territoires, en particulier l’Occitanie, région concernée par les problématiques croisées des précarités et des aléas climatiques. L’inclusion dans les travaux de terrains d’étude en Guyane seront également recevables.

De nombreuses situations alliant précarité et santé mentale étant prises en charge à l’hôpital de Nanterre (CASH), dans ses missions de soin, d’hébergement et de réinsertion, des projets de recherche en lien avec ces réalités seront également accueillis avec le plus grand intérêt.